Mai Lan - Folies en Baie

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Mai Lan

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MAI LAN
« Autopilote »
Sortie 3 novembre 2017

Ce matin, Mai Lan se moque de tout : Autopilote, son second album est terminé.

Impassible, jolie, concentrée, elle le raconte, en démêle les sources cachées et répond à des questions qu’elle ne s’est jamais posées ; et se rend compte que chez elle, c’est l’impulsion qui maîtrise tout : Autopilote, brillante extension d'un EP paru au printemps 2017, est un tir franc, direct et sans censure. Une plongée au creux d’elle-même, une
musique qui vient de l’intérieur ; peut-être même d'ailleurs. Derrière elle, la route est déjà longue : les textes acides de La Caution qu’elle déroulait sur les breaks de DJ Mehdi (« Gentiment je t’immole »), les collaborations avec Oxmo
Puccino ou Birdy Nam Nam et un premier disque qui incendiait la pop française en 2012 ont posé les bases de cet art spontané. Un halo de pouvoir artistique, à la fois graphique et musical, en partie sourcé chez son papa, Kiki Picasso, autant que dans les visuels fracturés de Kourtrajmé, un collectif de musiciens et vidéastes avec lequel elle a secoué
l’image et le son, le cinéma et la musique des années 2000. Un mystère qu'elle déploie à l'occasion aux quatre coins du monde aux côtés de M83, des scènes de Coachella (Los Angeles) jusqu'à celles de Glastonbury (Londres).

Désormais tout est pesé, pensé et récléchi ; les sentiments, les sensations, posés sur une feuille, la feuille recomposée, la composition couchée sur bande. A ce jeu-là, Autopilote vise le coeur des choses : tantôt le centre du dancecloor (« Nail Polish »), tantôt l'envers du décor (« Il n'y a pas d'amour / Il n'y a que des preuves d'amour, murmure Mai Lan sur « Pas d'amour »). Ce qui n’empêche pas la liberté de cissurer l’édicice ; cette spontanéité
héritée d’un background qu’elle qualicie elle-même de « bordélique », une histoire pétrie d’imaginaires, d’électro, de pop et de rap, dont on retrouve les stigmates jusque dans ses clips - des sauvageries arty de « Technique » jusqu’au classieux « Haze ». Mai Lan est une image supersonique, une jeune femme qui fait du vélo dans le noir, éclairée par les étincelles d'un vernis à ongles surréel, par les cliquetis des breaks électroniques. Au coeur de ces esthétiques multiples, se niche une poésie singulière : entre les danses nerveuses de l'addictif « Vampire » et les reclets techno de « Blaze Up » ou « Dial My Number », naissent des contrastes imprévus, un sous-texte fait de dissensions internes,
d’états d’âme et d’intimités. Un feu brûle en réalité sous la glace, et l’apparente simplicité des comptines pop masque des charges émotionnelles extrêmes, à l’image de l'impassible silhouette qui orne la pochette - déclinée sur tous les visuels attachés à cette petite bombe glacée. La classe et la folie, dans le même soufcle.

Solitaire, Mai Lan n’est pas seule. Si M83 est à nouveau présent (il co-écrit « Vampire »), c’est avec le longtime partner Max Labarthe et Nick Sylvester, ponte de l’indie américain et fondateur du label Godmode (Fasano, Shamir…) qu'elle a posé les bases du projet. Mai Lan est bien entourée : un peu plus loin, c'est à Quentin Lepoutre aka Myd (Club Cheval)
qu'elle a concié la production de « Blaze Up », un single au refrain redoutable, cloqué de basses liquides et de beats dançoïdes ; à genoux sur le dancecloor. A l’écoute, c’est un clegme sexy et captivant qui cissure les bafcles ; une eau qui dort, qui mord. S’il existe ici une logique, il n’y a aucun systématisme : la langue est anglaise mais elle est française quand l’émotion l’exige. Liberté, encore : clows cinglants et airs enfantins côtoient ici pop moderne, musiques électroniques et contes barrés.

Chez Mai Lan, l’émotion n’a pas besoin d’être décrite. Elle n’est que spontanéité, évidence, explosion, et elle éclate ici comme chez les grands peintres, auteurs et plasticiens : on dirait presque que Mai Lan n’a rien travaillé, rien récléchi, qu’elle a enregistré d’un seul trait ce qui sortait d’elle. La réalité est plus triviale : chez elle, l’art est ce geste limpide dont on devine à peine les coulisses.
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